Bien souvent, on trouvait aussi parmi ces pionniers quelque abbé athlétique, féru de science et d'histoire naturelle, fin connaisseur de son terroir, bref un curé comme les décrivait Pagnol. Les chauves souris de l'époque ont donc vu défiler ces précurseurs, en costume, en soutane, ou a poil, coiffés d'un chapeau, d'un béret ou d'un casque de 14, utilisant les accessoires les plus invraisemblables pour descendre les puits et franchir les obstacles.
Avec ces moyens ridicules, ils ont réalisé de très belles explorations, expliqué dans les grandes lignes la formation des réseaux souterrains, découvert de nombreuses grottes ornées Après-guerre (la deuxième), vint le temps des expéditions lourdes : la Henne Morte, le gouffre Lepineux (Pierre Saint Martin), Le Berger, qui furent parmi les gouffres les plus profonds connus au monde furent découverts ainsi, avec des expéditions de plusieurs jours, des portages souterrains interminables, des bivouacs à grande profondeur, des équipes nombreuses échelonnées tout au long de la progression, préparant le terrain à une équipe de pointe chargée de l'ultime assaut. La spéléologie était aussi devenue un sport.
Dans les années 60, les techniques de progression sur corde simple se généralisent, et permettent d'alléger considérablement les expéditions, et d'améliorer la sécurité.
Un des précurseurs de cette révolution est Pierre CHEVALIER, qui explore la Dent de Crolles depuis les années 40. C'est lui également qui pressent l'importance du courant d'air comme indice spéléologique.
Aujourd'hui, les fibres synthétiques permettent de fabriquer des vêtements étanches et solides, des sous-vêtements chauds, des cordes plus légères et plus résistantes : ce n'est pas encore le grand confort, mais la condition du spéléo s'améliore ainsi que sa sécurité, et que le poids de son sac.
De nos jours, la spéléo est en général considérée d'abord comme un sport : on la pratique pour le plaisir d'être au contact (parfois très rapproché...) de la nature, pour la sensation sportive, pour le dépassement de soi... Mais nous n'avons pas tout oublié de notre passé scientifique : toute nouvelle cavité est topographiée, publiée, on observe sa structure, ses creusements, son aérologie (courants d'air) et son hydrologie (circulations d'eau) afin de comprendre le fonctionnement du massif où elle se trouve.
Et aussi, la spéléo reste une belle histoire de groupe, un sport individuel qui se pratique en équipe, où la solidarité est obligatoire. Une passion qui s'attrape comme un virus, malgré les galères, les fatigues, qui nous fait hurler sous terre "mais qu'est-ce que je fous là ?", et le soir même "bon, il faudra revenir dimanche prochain pour voir la suite".