Cette belle conduite forcée a été creusée à partir d'un bête joint de strates qui fuyait (le trait à mi-hauteur); comme à l'époque, il était déjà difficile de trouver un plombier qui se déplace rapidement, sous la pression et avec le temps, ce mince intervalle entre deux couches de roche s'est transformé en un beau tuyau. très pratique pour la promenade souterraine. Mais, pour en arriver là, il faut souvent passer par des coins moins fréquentables : "ad augusta per angusta" disait Victor Hugo, qui n'a pourtant jamais mis les pieds sous terre à notre connaissance.

Après ces périodes de creusement en régime noyé, il se peut que l'eau charrie des matériaux (argiles, sables...) qui vont colmater totalement ou partiellement la galerie. il arrive aussi qu'un ruisseau plus modeste emprunte la galerie, dont il entaille le bas pour former une galerie en trou de serrure.
On trouve aussi souvent les deux phénomènes à la fois : remplissage et sur-creusement.

Qu'il soit creusé de haut en bas (en écoulement gravitaire) ou de bas en haut (c'est tout à fait possible en régime noyé), sec ou arrosé, cylindrique, en éteignoir, sur faille, remontant ou descendant, simple ressaut ou verticale vertigineuse, le puits reste l'attraction indispensable pour la plupart des spéléos.
Parce que bon, les galeries et les concrétions, ça va un moment, mais sans cordes, le spéléo s'étiole, il perd sa bonne humeur, parfois même son appétit (pour les bonnes bouteilles ou les jolies filles...). Mais donnez lui une corde pour se pendre, et vous le verrez revenir à son état normal.

Une diaclase est une fracture de la couche rocheuse dans le sens de l'épaisseur (c'est à dire en général et pour simplifier, une fracture verticale ou oblique).
Lorsque cette fracture s'accompagne d'un déplacement d'un compartiment par rapport à l'autre, il ne s'agit plus d'une diaclase, mais d'une faille. Les failles sont en général plus grandes que les diaclases.

On appelle "rejet" le déplacement vertical d'un compartiment par rapport à l'autre.
On appelle "décrochement" le déplacement horizontal d'un compartiment par rapport à l'autre.
En se déplaçant, les compartiments frottent l'un contre l'autre. La zone polie par le frottement s'appelle le miroir de faille (photo de droite)
Les failles et diaclases apparaissent quand les contraintes (pression, mouvements de terrain ou de plaques tectoniques) subies par la roche dépassent ses capacités de déformation.
Une faille peut être un axe privilégié de creusement d'un réseau, ou au contraire un butoir marquant sa limite.

Le méandre, c'est la preuve que le temps perdu est une invention humaine. La nature s'en fout : à partir d'un trajet droit, elle creuse un sillon de plus en plus tortueux au fur et à mesure qu'il s'enfonce grâce à l'érosion. On voit l'amorce de ce phénomène sur la photo de gauche (détail d'un morceau de lapiaz).
On peut facilement se retrouver avec un cheminement trois fois plus long que le trajet initial, découpé, sculpté par le cours d'eau.
Le plus beau méandre que nous connaissons est impossible à photographier : 40 ou 60 cm de large, et un virage - qui peut aller jusqu'à 180° et plus - tout les 2m maximum...

Sous terre, tout prend d'autres proportions: les ruisseaux deviennent torrents ou rivière, les mares sont des lacs, les cascatelles sont des cataractes. Sous terre, l'eau est partout, dormante ou courante, froide ou fraîche, en goutte à goutte ou en cascades...

Même absente, elle se rappelle à nous par les creusements, les dépôts, les concrétions.Si elle est présente, on la surveille: les crues souterraines sont souvent plus violentes sous terre qu'en surface. C'est aussi pour ça qu'on s'intéresse au régime du GuiersVif, sur notre terrain de jeux habituel, et qu'on annule ou modifie certaines sorties quand la météo n'est pas sûre.

Un laminoir, c'est un coin où vous vous promenez entre un plancher et un plafond bien parallèles et pas très loin l'un de l'autre. Ne cherchez pas les piliers, partez du principe que c'est solide, ça tient comme ça depuis des lustres.

C'est juste deux strates qui ne s'entendaient pas et sont séparées. Quand tout va bien, il y a un peu d'argile au plancher pour le confort. Quand on a moins de chance, c'est une grande flaque qui barre le passage...