Gouffre de la Morgne

Participants : Vincent, Xavier, David, Damien

Lieu : Lompnas (Ain)

Date : 29/11/2025

Ecrit par : Damien

La mission improbable de quatre spéléos et d’une batterie inutile – Compte-rendu

Préparatifs

La veille, la sortie commence déjà façon “Koh-Lanta : Édition Perdus Dans Le Local du Club”. David arrive en retard et perd ses clés à la sortie. Damien perd son téléphone dans le local. Et nous, on perd tout espoir qu’un jour ce groupe devienne organisé.

On prépare trois sacs de corde, choisies scientifiquement selon la fiche technique rédigée par Xavier… que personne n’a lue, même pas lui. On appelle ça :

– soit de la confiance,

– soit un suicide collectif en milieu karstique.

La météo annonce de la neige. Par sécurité, on prend la voiture de David, équipée de pneus neige, d’un coffre aussi sale que le Pérou après un Dakar, et probablement d’un mammouth fossilisé sous le siège passager.

Rendez-vous et départ

Rendez-vous à Villette-de-Vienne chez David à 07h40. Quand on arrive, David sort du lit, littéralement, en direct, en live. Il apparaît en peignoir spéléologique (aka son t-shirt de la veille) avec une tartine collée dans la barbe. Un réveil tout en douceur.

Puis, drame : « ATTENDEZ ! J’ai oublié ma batterie ! » Une vraie batterie de voiture. Pourquoi ? Aucune idée. On n’a pas voulu chercher. On a préféré préserver notre santé mentale.

Informations FFS – Version honnête mais pas encourageante

Cavité : Gouffre de la Morgne (J'avais compris Morgue. On s'est trompés au début. Mais l’ambiance mortuaire restait globalement la même).

Objectif : explorer, se faire plaisir, et revenir vivants – dans cet ordre.

Participants :

• Vincent : calme olympique, même quand la corde brûle,

• Xavier : expert certifié en fausses longueurs et vraies galères,

• David : collectionneur de batteries. Passion incomprise,

• Damien : le plus jeune donc automatiquement désigné « volontaire ».

Topographie : oui

Compréhension de la topographie : non

Matériel : cordes, kits, espoir, mauvaise foi

Véhicule : Peugeot 3008 archéologique

Arrivée : 10h

Entrée : 10h

Sortie prévue : 16h

Seuil d’inquiétude : 19h (soyons réalistes)

Point GPS : un lien Google Maps fiable à 98 % (donc mieux que nous à 08h00 du matin).

Progression et exploration

Arrivés à l’entrée du gouffre, Vincent installe la corde avec la précision d’un chirurgien cardiaque. David ajuste pour éviter le frottement. Et miracle : rien ne casse, ne tombe, ne brûle, ne se décroche. On y a presque cru.

Puits de 25 m, descente fluide … enfin, fluide comme un cerveau rempli de boue et de café froid.

En bas : comité d’accueil local :

• Des salamandres surprises,

• Une chauve-souris outrée,

• Un ver qui semblait sérieusement trop long pour être honnête, un Ver gordien à en croire les spécialistes.

On essaie d’avoir l’air pro, mais la boue, elle, en a décidé autrement : en 2 pas, on ressemble tous à des statues en argile abandonnées par un artiste dépressif.

Des ossements traînent dans un coin, ambiance « peste chevaline ». On fait semblant d’être tranquilles. On ne l’est pas.

⭐ Le passage étroit, la porte de Narnia, mais en pire

On arrive devant un boyau tellement étroit qu’on pense au début que c’est décoratif. Non, c’est le passage. Vincent tente l’exploration à deux reprises. Quelques secondes plus tard, il ressort en marche arrière, l’œil vitreux : « Ah. Oui. C’est TRÈS étroit. Genre… TRÈS. »

David s’y engage. Nous voyons ses pieds dépasser comme un renne de Noël coincé dans une cheminée. Il bouge, il râle, il souffle : tout va bien, c’est David.

Chacun se demande intérieurement : « Bon… qui récupère son matos si jamais il reste coincé ? »

Finalement, il ressort : « LES GARS. Ça vaut le coup d’y aller ! » C’est généralement à ce moment que l’intelligence nous quitte. On y va. Parce qu’on est spéléos. Et stupides.

La Salle des Aristocrates

Magnifique. Presque trop belle pour des gens qui viennent de se replier comme des chaises IKEA mal montées. On fait des photos. On rêve d’un ascenseur pour en sortir.

Puis on repart. Vincent, trouillard dans la « porte de Narnia », se rattrape en déséquipant cette étroiture lors de notre retour vers le réseau principal.

🧩 Le réseau principal : édition acrobatique

David et Damien partent équiper avec une corde beaucoup trop courte, classique. Xavier arrive avec une 40 m : « J’ai ce qu’il faut pour descendre un immeuble. »

Oui, mais pas pour remonter Damien. Car Damien, dans un geste artistique, finit emmêlé dans la corde comme une mouche dans une toile. On hésite à l’aider ou à en faire la photo de couverture du bulletin du club. Vincent l’aide quand même.

On poursuit, passant devant 312 chauves-souris (environ, on n’a pas compté, on n’est pas la LPO).

On atteint une salle tellement majestueuse que même Google Earth aurait ragequit. Pause sandwich. Débats existentiels. Analyse approfondie : « Pourquoi la corde est encore trop courte ? »

Le retour

La remontée se passe exceptionnellement bien. Tellement bien que ça en devient suspect.

Points notables :

• Personne n’est mort,

• Aucune corde n’a explosé,

• Damien a survécu à son emmêlage,

• La batterie de David n’a servi à RIEN. Nous suspectons qu’elle soit là pour attirer la chance. Ou les démons.

Bref, une sortie propre, efficace, timing parfait.

Bilan officiel mais sincère

✔️ météo : 10/10

✔️ morts : 0 (score parfait)

✔️ beauté des salles : incroyable

✔️ organisation : disons … créative

✔️ ambiance : exceptionnelle

✔️ Damien : encore entortillé mentalement

Conclusion : une sortie où la bonne humeur règne. Avec une ribambelle de curiosités naturelles : salamandres, Mycètes dévoreurs de bois, ver gordien, chiroptères, concrétions majestueuses… Bref, la spéléo comme on l’aime.