Gouffre du Golet aux Loups

Participants : David, Xavier, Vincent, Denis, Yvette, Antoine

Lieu : Lalleyriat, Ain

Date : 30 août 2025

Ecrit par : Antoine, Vincent

L'idée de David était de faire une cavité jurassienne, un p'tit -200 pour se remettre en jambe après le Gouffre Berger... Xavier nous a donc proposé de se jeter dans la gueule du loup.

L'arrivée

Au pied du plateau de Retord, trois spéléos s'engagent à travers les sapins, en direction de l'entrée du Gouffre du Golet aux Loups. Parmi eux, Vincent, toujours plein d'entrain, Xavier, en digestion de raclette au morbier – en guise d'avant-goût pour notre cavité du jour, « golet » signifiant passage étroit mais aussi gosier – et moi-même, concentré au volant d'une voiture à moitié réparée. Il est environ 9 heures. Dans ces sous-bois à la strate muscinale imposante, la météo oscille entre grisaille et éclaircies, dommage, pas de champignons à l'horizon.

L'entrée désobstruée de la cavité se fait par une plaque au bord de la piste forestière. David, Denis et Yvette sont déjà arrivés depuis une heure. Ils ont commencé à équiper après une marche d'approche d'environ 3 secondes. De fait, ce temps approximatif correspond à la longueur de la sangle qui relie la roue de la voiture de David, à la tête du premier puits.

Denis nous attendait en haut, histoire de manger un croissant avec nous avant de descendre rejoindre David et Yvette. Nous nous préparons à notre tour après le p'tit déjeuner habituel. Un peu long au départ, nous descendons à notre tour vers 9h30.

Descente conviviale et équipement palimpseste

Le Gouffre du Golet aux Loups plonge dans le massif rocheux calcaire en suivant les couches géologiques pentées d’environ 45° vers l’Est. Seuls les puits verticaux transgressent cette déclivité. La pente moyenne de la cavité est donc supérieure à 45° ce qui conditionne toute équipée spéléologique à une progression que l’on peut qualifier de sportive.


Du point de vue géologique, la Gouffre du Golet aux Loups est situé au cœur d’une longue structure synclinale pincée et faillée appartenant au Massif de Retord. L’entrée du gouffre paraît localisée dans le « faciès purbeckien » noté « j7-n1p » ou « jp » sur la carte géologique au 1/50’000 de Nantua (feuille géologique 0652N). Ce faciès est composé de calcaires cendrés, de marnes vertes et de calcaires à cailloux noirs d’âge Jurassique terminal à Crétacé inférieur (Tlthonien terminal - Berriasien inférieur). De mémoire incertaine, il semble bien qu’une couche de marne verte affleure dans le Gouffre du Golet aux Loups, encore faudrait-il le vérifier et consolider l’identification du faciès par l’observation avisé de quelques fossiles…

 

Côté équipement spéléologique, force est de constater que la carte et le terrain ne sont pas très clairs à équiper, pour ce qui est de la première partie de la cavité. Certains ressauts méritent-ils une corde ? « un bon peu », dit-on dans notre club. Dès lors, Denis et Yvette complètent ponctuellement. L'équipement s'est alors avéré participatif. Du point de vue de Xavier, Vincent et moi-même, nous profitons de cette installation pour descendre sans encombres. Enfin pour l'instant, car on passe tout de même du Berger haussmannien au sinueux et étroit bidonville, pour reprendre Vincent et ses métaphores, qui titillent forcément tout type un peu chauvin comme celui qui actuellement vous écrit.

Nous rejoignons l'équipe de devant au niveau d'un ressaut que Denis complète d'une sangle. David et Denis – ah non pas la bonne direction (chatière, érosion régressive et peu d'amarrages) – puis Denis et David poursuivent l'équipement d'une succession de puits. David, cul plein vide, équipe un fractionnement pendulaire surplombant la salle du Chaos. À environ -150 mètres, objectif atteint pour Yvette et Denis, qui décident de remonter et de nous laisser jouer avec l'humidité. Ils nous rejoindront peut-être en fin de journée. À partir de là, nous sommes quatre, pour six kits bien remplis, deux d'entre nous devront donc se dédoubler.

Je prends ensuite le relais pour équiper la C100, sous le regard avisé de notre président, nouvellement initiateur et toujours de bons conseils. Après quelques jonglages de nœuds, ne les rendant pas toujours très calibrés (quelle main ?), Vincent prend la suite de l'équipement jusqu'à la pause déjeuner. 

Trou noir et pause déjeuner

Il est environ 13h30, il fait froid et le climat est bien humide. Le repas permet de faire un point. Nous décidons de poursuivre notre objectif -240 mètres en comptant sur la progression pour nous réchauffer. Moyen chaud, mais je me dis qu'en bougeant ce serait comme l'appétit qui vient en mangeant. Nous nous remettons en route, marche ouverte par David à l'équipement. 

Le dilemme du fond

Animés par le slogan de notre club (ou peut-être pas), nous arrivons proche du but et face à un dilemme : à gauche, il nous est proposé une galerie méandriforme, traditionnellement froide et humide ; à droite, la « grosse galerie ». Bien que le dernier kit était prévu pour la gauche, l'intérêt du groupe s'avère rapidement porté sur la grosse galerie remontante, mesurant trois fois la largeur du méandre de gauche à première vue. Cette dernière galerie nous offre alors quelques ressauts boueux pas toujours faciles à escalader. Dès lors, nous arrivons au seuil de progression, au-delà duquel Vincent se risque à quelques pas supplémentaires en guise de complément d'adrénaline. Nous faisons donc demi-tour dans la grosse galerie, renommée pour l'occasion tremplins boueux et toboggans, nous offrant dès lors un moment très ludique et requinquant avant d'attaquer la remontée. 


Au plus profond de sa progression, notre équipée aura finalement atteint la cote -243m en passant devant l’entrée du Méandre des Cérithes.

Une remontée laborieuse, mais organisée

L'organisation pour remonter fut la suivante : Vincent et moi pour déséquiper, David et Xavier pour porter. À l’arrière, je traîne un peu la patte au déséquipement, en bataillant contre une virole trop serrée. Sacrée virole ! Mon descendeur y remédie et je passe ensuite la main à Vincent après le pendule en haut du Chaos, justement pour faire une pause. Devant moi toujours, serpente une corde tirée au loin par David et Xavier, comme un spéléo-secours de kits bien rôdé. Les kits étaient déjà trop nombreux, et maintenant, de surcroît, bien remplis. 

Ainsi, dans le passage des évadés, l'évasion semble durer une éternité. Quand soudain, dû à l'effet secondaire du morbier, quatre autres bras sortent du corps de Xavier. Muni d'un nombre de kits exponentiel, il se met alors à braver maints puits et ressauts sans relâche, et ce jusqu'à la trappe initiale marquant désormais la sortie. À 23 heures environ, nous refaisons surface, chaleureusement accueillis par Yvette et Denis.

C'est ainsi que, fiers de leurs sorties et munis de leurs bières, cafés ou fines tranches de saucisson bien mérités, nos six spéléos mangent et festoient sur la bâche étendue au milieu du chemin forestier, sous la canopée étoilée.