Scialet du Tonnerre
Participants : David, Gaël, Bruce, Xavier, Vincent
Lieu : Lans-en-Vercors – Isère
Date : 15/11/2025
T.P.S.T : 11h
Ecrit par : Vincent
Objectif -500
De retour de l'exercice organisé par le Spéléo SecourS Isère (3SI), David avait eu l'info que le Scialet du Tonnerre était actuellement équipé, mais serait déséquipé le dimanche. Suite à un vote presque unanime sur le groupe de discussion (4 voix pour, 1 abstention) décision est prise d'en profiter !
Sortie sportive donc, comportant une marche d'approche de 5,6km aller-retour depuis la station de Lans-en-Vercors avec un dénivelé positif de 300m, puis un toucher le fond à -507m dans le collecteur du scialet. Soit au total quelques 800m de dénivelé positif dont environ 400m sur corde.

Covoiturage optimisé et marche d’approche efficace
Après 2 jointures pour optimiser le covoiturage, on se retrouve tous les 5 à la Côte-Saint-André pour le dernier tronçon dans la voiture de Xavier bourrée à bloc.
Sur la route Vincent observe avec délice le pli anticlinal de Sassenage. Malgré la signalisation routière restrictive, la nature ne s’est pas empêchée de « tourner » les strates de calcaire à sa guise ! Dérogeant aux règles de bonne conduite, les forces tectoniques sont même venues cisailler le flanc ouest de cette magnifique structure anticlinale. La « circulation » des couches calcaires se trouve ainsi franchement tranchée par le chevauchement de Sassenage (noté c.Sa sur le cliché de M. GIDON) ce qu’on appelle dans le jargon géologique un accident tectonique, Cqfd !

Comme prévu, on gare la voiture sur le parking de la station de ski de Lans-en-Vercors (45°06'41,4"N –5°36'29,4"E). On enfile les combinaisons, harnais et genouillères. Les kits sont complétés (casse-croûtes, matériel de secours…) et distribués à chacun. Puis on termine avec gourmandise les pâtisseries offertes par Xavier.
Marche d’approche efficace guidée par la trace GPX procurée par Xavier et enregistrée dans le GPS de Vincent, tandis que Bruce confirme le bon cheminement sur son téléphone. On atteint ainsi sans difficulté l’entrée du scialet vers 11h.
Descente sportive et curiosités géologiques
Dès la descente vers le puits des Anciens (P17), on passe de bonnes étroitures plus faciles à passer dans ce sens. Les premiers puits et ressauts sont trompeurs, leur enchaînement laisse supposer qu’on avance assez vite. Xavier et Vincent débattent pour interpréter notre avancement sur la coupe topographique du scialet. Quelques dizaines de mètres plus bas, la configuration du puits du Fada (P55) permet de trancher, nous avançons plutôt lentement freinés par les étroitures et les égarements dans le Méandre Combivore.
En descendant le méandre avant le puits du Fada, on se perd quelques minutes avant de comprendre qu’un petit cairn placé en plein milieu, est là pour indiquer qu’il faut passer par le haut pour trouver la suite.
Les méandres et les parois des puits offrent quelques curiosités géologiques remarquables au spéléologue attentif :

Malgré la bonne volonté de Vincent, l’équipement en double du puits du Fada s’avère totalement insatisfaisant. Il n’y a pas suffisamment de spits ou d’amarrage naturel pour réaliser correctement l'équipement d'une seconde corde hors de l’existant.

Au bas du puits de la Capuche (P43 ou P48 selon la topo choisie) on rejoint la « Salle à Manger ». On fait alors la connaissance très sympathique d’une équipe mixte de 6 spéléologues issus des clubs « Les Furets Jaunes » de Seyssins et « Les Citrons Ficelés » de Saint-Aupre. Ces derniers qui remontent du fond attendent, dans un esprit bon enfant, que nous ayons tous descendu le puits de la Capuche avant de poursuivre leur ascension.
Une fois notre groupe rassemblé dans la « Salle à Manger », on sort les casse-croûtes sans tarder. Vincent profite d’une soupe chaude de pâtes lyophilisée préparée avec le réchaud de David.

Il nous reste 200m à descendre. Pour ceux qui n’ont pas eu la chance de déguster une soupe chaude, ça devrait vite réchauffer ! L’enfilade des verticales entre le puits des Mariés (P54) et le puits du Doute (P30) se descend sans difficulté. On arrive donc rapidement au dernier puits (P15 ou P22 selon les topos). Il débouche dans une salle avec une jolie cascade concrétionnée, où l’eau jaillit d’un petit conduit à même la paroi environ quatre mètres au-dessus d’une modeste vasque, avant de poursuivre son cours dans le collecteur actif avec une faible déclivité.


Aller-retour express dans le collecteur
Pour les deux heureux qui ont eu la bonne idée de s’équiper de chaussettes en néoprène, s’engage alors une belle course contre la montre dans le collecteur actif jusqu’au siphon final à -507m. Au bout de cette course, le siphon est équipé d’un fil d'Ariane pour les plongeurs ... car oui il y en a qui continuent encore, même à cette profondeur ! Sur le retour, Vincent trouve encore le moyen de s’égarer en loupant une bifurcation, Bruce qui veille au grain remet immédiatement l’étourdi sur le bon chemin et nous remontons ainsi le collecteur sans perdre de temps.


Remontée de tous les efforts
De retour dans la « Salle à manger » après quelques 200m de remonté, Bruce prépare un café chaud qu’il partage bien volontiers avec David. Vincent rechigne à profiter de ce petit instant de réconfort, trop pressé de déséquiper la seconde corde posée dans le puits du Fada.
Mais bloqué par un croisement de cordes inopportun Vincent doit réaliser une conversion en plein gaz dans le puits du Fada (P55) pour laisser un sac de nœud à David ! Une véritable séquence de frissons sous l’œil attentif et bienveillant de David qui, trop complaisant, récupère un kit bourré de corde, tandis que Vincent s’échappe avec un autre kit à demi-chargé.
Prudence est de mise, autant à la descente qu’à la remontée, en raison de la mauvaise qualité de certaines portions de paroi dont se décrochent facilement des graviers et petits blocs rocheux.
Ces portions friables correspondent à des passées de brèches d’origine tectonique et/ou karstique plaquées sur des miroirs de faille reconnaissables à leur surface typiquement aplanie et striée.

Passé le puits des Fada, la remonté devient éprouvante, les mouvements deviennent lents, les bras font mal et les kits coincent. Pourtant il faut en garder un peu, car les passages les plus pénibles restent en fin de parcours.
Gaël en tête, poussé par Xavier, duo gagnant que l’on ne rattrapera pas. Pour une première au-delà de ‑100m, Gaël fait preuve d’une excellente adaptation et d’une belle performance physique !
Sortie glacée et retour nocturne
On ressort tous vers 23h. Le vent glacial nous saisit. Sur le chemin du retour, dans la nuit, malgré le GPS de Vincent, on manque une bifurcation. Heureusement Xavier remarque vite que nous ne sommes plus sur le sentier adéquat et trouve rapidement le bon chemin. La file indienne s’étire jusqu’à perdre momentanément le contact avec David dont la frontale s’est provisoirement éteinte. Vincent qui peine à rattraper Bruce, signale la disparition provisoire de David qui finit par nous rattraper après quelques minutes d’attente.
Malgré les regards attentifs posés sur le sentier du retour, impossible de retrouver la lampe frontale de secours égarée par Bruce à l’aller.
De retour à la voiture, on ne traîne pas pour se changer. Pas le temps pour notre débrief habituel (bière, chips, saucissons, chocolat…). On recharge la voiture à bloc, et filons.
La route sinueuse aux multiples virages et dos d'âne de la descente de Lans-en-Vercors aura raison de l'estomac de Gaël. Il laissera là quelque part le souvenir de son 4ème sandwich.